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Reflexion d'ALBAN PAULH sur la source de l'écriture (publié sur Mybesteseller.com)

Dernière mise à jour : 14 avr.

La source de l'écriture


Pourquoi ne pas poursuivre l’investigation de l'écriture jusqu’à sa source ? Certes, il faut être fêlé de la citrouille pour s’embarquer en de telles complications quasi archéologiques. Seriez-vous suffisamment curieux et patients pour avaler le gros boa des lignes délirantes qui vont suivre ? À moins que vous ne vouliez seulement me faire plaisir, eu égard à ma douce folie !

Voici donc la pseudo docte prose, qu’en vétérinaire mal avisé, je voulais vous soumettre sans aucune garantie de légitimité, ni du gouvernement ni d’aucune instance savante, (gare aux fake news) : L'’écriture, graphie qui associe par le geste l’encre au papier ou le clavier à l’écran, traduit chaque pensée par une concaténation de symboles. Simple abstraction me direz-vous avec raison. Alors accrochez-vous, ça va accélérer dans la complexification des concepts :

« Prenez un cercle, caressez le, il deviendra vicieux » L’écriture opère ainsi une saisie de la mouvance immatérielle de l’esprit, dans l’obscur dessein de figer sur un support concret l’ image parcellaire d’un réel virtuel. Virtuel car le mental ne cesse de le reconstruire d’instant en instant, à travers des myriades de perceptions sensorielles et mentales, purement extemporanées. Je vous avais prévenu, c’est ardu. Pourtant en réalité, à votre insu, vous n’ appréhendez le monde, et vous même, qu’à travers des images mentales élaborées dans votre cerveau. Même ce « je », pour qui vous vous prenez (en tant que témoin de ce cinéma intérieur), résulte de cette élaboration. Il est aussi fictif qu’intermittent ! Comme disait Ionesco dans « la cantatrice chauve » : « prenez un cercle, caressez le, il deviendra vicieux ». Dur, dur mais pourtant tellement bien vu. Il n’y a pas de pilote dans l’avion, ni d’avion dans l’espace, tout apparaît et disparaît en un milliardième de seconde comme les images d’un film qui défilent sans que rien n’existe derrière la pellicule. Vous, comme moi, avons construit notre maison sur un lac gelé et vivons dans la matérialité illusoire d’un univers qui s’écoule et s’écroule constamment. Dommage, le temps se réchauffe ! Un radeau eut mieux convenu. En prendre conscience inopinément, ça peut être très déstabilisant.

Tout a commencé dans ce mouvement d’abstraction initié par la parole, d’abord articulée à partir de grognements et cris animaux... Pourtant je parle (ou écris) et c’est bien moi qui cause (ou gribouille), me direz-vous. Certes ! Par là nous commençons à remonter vers nos origines lointaines, ce qui plaît au vétérinaire que je suis. Tout a commencé dans ce mouvement d’abstraction initié par la parole, d’abord articulée à partir de grognements et cris animaux. Ensuite seulement, l’écriture a poursuivi beaucoup plus loin l’évolution. Dépassant la simple nécessité primitive de communiquer sur l’instant, elle prétendait se souvenir : imprimer une trace durable de son propos pour en marteler ainsi plus longtemps, voire éternellement, le bien-fondé. Grâce à cela, elle prétend matérialiser que tout ce que je viens de vous expliquer (d’assez perturbant, je dois le confesser) n’est justement qu’une simple vue de l’esprit puisque les paroles s’envolent mais les écrits restent. Point que je conteste puisque je n’ai pas fait que vous le dire, je l’ai écrit moi-aussi ! Le voilà, justement, le bon gros stigmate de l’humanisation du primate ! Sans avoir réellement réussi à lâcher notre branche, l’écriture nous a ancré comme homme/femme (non genré!) dans un dualisme foncier. Ses représentations graphiques (lettres, mots, idéogrammes) peuvent finir par masquer (voire s’y substituer) l’indicible fluctuation transparente et immatérielle de ce pour quoi elles codent depuis l’origine, un simple mouvement au sein de l’esprit universel que Jung baptisait inconscient collectif. Le personnage de mon roman, lui, du fond de son amnésie, invoque parfois un retour à cette dimension magique et sacrée qui s’inscrit dans le patrimoine des plus belles évolutions du vivant. Il se met à danser comme un Chaman en pleine rue, appelle ses visions protectrices et ses Animaux de Pouvoir. Est-il finalement aussi timbré qu’il n’y paraît ? Pas si sûr.

En quoi cette écriture est-elle si profitable à celui qui la pratique ? Mais alors, me direz-vous, en quoi cette écriture est-elle si profitable à celui qui la pratique ? Tout dépend de notre conscience. Car si nous nous coagulons en auteur au lieu de nous dissoudre en filigrane d’une inspiration puisée dans cet inconscient universel, elle risque fort de se transformer en outil d’asservissement de l’autre à nos prérogatives. Il ne vous a pas échappé que pour vous le démontrer, en plaisantant, je vous balade gentiment au fil de ma pensée, non ? Elle peut aussi provoquer un besoin quasi obsessionnel d’être lu, reconnu et surtout édité. Nous voilà alors enchaîné aux affres d’un balancement sans fin entre espoir et crainte, plaisir et déplaisir, gain et perte, louange et blâme, renommée et discrédit. Pas trop grave, j’en conviens avec vous, puisque nous avons tous déjà tellement l’ habitude de ces petits désagréments inhérents à notre société consumériste et aux impatiences qu’elle véhicule. Ça remonte a plus de deux-mille ans, paraît-il…

La mémoire de l’écriture a du bon pour éviter les dangers de l’oubli Puisque tout fout le camp, la mémoire de l’écriture a du bon pour éviter les dangers de l’oubli. Par contre, tirage et notoriété ne sauraient cautionner, à eux seuls, sa valeur. Pour preuve : les écrits de Karl Marx et le « Mein Kampf » d’Hitler qui avaient cartonné en nombre d’exemplaires édités et vendus, ont induit plus de morts (plusieurs centaines de millions) que toutes les catastrophes naturelles réunies. Sans vous bassiner avec des considérations politiques, histoire de ne pas abuser de votre patience, vous conviendrez comme moi que chacun de ces auteurs était intimement persuadé du bien-fondé de son point de vue. Ça pose question. Pourtant, l’état actuel de la situation internationale reflète avec une acuité bruyante où peut mener la perte de référence à l’universalité. Pas évident de concilier la multiplicité des points de vue avec le respect d’une interdépendance naturelle du vivant. Écologie fondamentale avant toute récupération politique et clivante ! Probablement vous ai-je perdu depuis longtemps dans le dédale de ma pensée ? Qu’importe ! À mes yeux, l’art de l’écriture restera toujours une des plus belle (mais aussi des plus exigeantes) dimensions de notre Humanité.

Une profonde satisfaction intérieure naît de se sentir juste à sa place, le stylo à la main dans la vacuité d’une page blanche Dans le génie de son authenticité, le véritable écrivain n’a jamais rien écrit comme le véritable musicien n’a jamais rien joué. Depuis la source universelle, le livre s’écrit en le premier, comme la musique se joue en le second, malgré les années de labeur technique assidu qu’il a fallu investir pour qu’advienne cet oubli de soi. Succès commercial ou non, une profonde satisfaction intérieure naît de se sentir juste à sa place, le stylo à la main ou le clavier au bout des doigts dans la vacuité d’une page blanche où peut se refléter la luminosité de l’Esprit. Vous l’avez compris, l’écriture demeure la plus belle des méditations. Il est là, le bonheur, il est là... ENJOY !


Alban Paulh Alban-Paulh, auteur de Si c'est amer, tu dois l'aimer

https://www.monbestseller.com/actualites-litteraire/18202-la-source-de-lecriture


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