Regard sur le livre "Si c'est amer, tu dois l'aimer" de Alban Paulh par ZOE FLORENT Autrice
Dernière mise à jour : 15 avr.

“Si c’est amer, tu dois l’aimer”
Ce drôle de titre interroge, mais le lecteur devra patienter pour en comprendre le sens. En effet, l’anecdote qui a motivé son choix n’est dévoilée que dans les dernières pages. Si l’auteur nous fait languir, il me semble que ce n’est ni par jeu, ni par hasard, car il faut avoir suivi le long cheminement de François Lambert pour saisir la double signification de ce titre-réplique qui ouvre une perspective dans le souvenir tout en ponctuant une longue quête dans le futur.
Mes impressions à la lecture
Dès les premiers chapitres, une première impression prégnante : l’amnésie de Lambert est criante de vérité. Nous découvrons un homme privé de sa mémoire, malmené par les sentiments inexpliqués qui le hantent. Entrée directe en l’enfer de son réveil dans une société qui ne le reconnaît pas. Réactions instinctives et affectives incompréhensibles, doublées de cauchemars récurrents sur fond de mal-être abscons. Notre vie de lecteur n’est que questionnements sans réponse. Résultat : on se prend au jeu. On en vient à souhaiter autant qu’on la redoute son anamnèse, tant la menace de sa vérité oubliée devient pesante.
À la recherche de son passé, égaré dans le labyrinthe des passions, Lambert tente à travers les femmes de rassembler les fragments d’un amour maternel inconnu. Le livre est construit autour de son amnésie et des rencontres qu’il fait. Celles-ci mettent le projecteur sur des facettes extrêmement disparates d’une société au sein de laquelle il ne trouve pas sa place. Le lecteur découvre progressivement des personnages secondaires qui cachent une réalité différente de leur façade. La fragilité et la naïveté de Lambert en font un candide qui les amène à se remettre en question, alors même qu’ils l’aident à retrouver son passé.
Dans une interview, Alban-Paulh confie qu’une partie de son roman est autobiographique, aussi ai-je imaginé que cette amnésie post-traumatique pourrait en fait partie. À moins qu’elle ne soit le fruit d’une observation poussée, vécue en totale empathie… De nombreuses interprétations sont possibles. Il en va de même pour son intérêt marqué pour certains personnages secondaires. Comme je l’ai exprimé dans mon premier commentaire :“L’analyse psychologique a la part belle tout comme les états d’âme des différents protagonistes qui opèrent un dialogue intérieur quasi permanent.” Il est tentant d’imaginer que, derrière cette fouille méticuleuse de chaque intervenant, l’auteur a disséminé des bribes d’un vécu autobiographique.
Et le style ?
Ayant beaucoup lu ici et ailleurs, j’ai noté un oubli fréquent à la lecture des scenarii qui alpaguent : la qualité du style. Pourtant, de lui dépend le côté immersif sans lequel la plus passionnante des histoires risque de devenir insipide. L’inverse est valable aussi : la qualité du style ne peut se substituer à l’intérêt de l’intrigue. Il faut donc prendre le temps de quelques pauses pour apprécier cette forme qui tend à se faire oublier avec humilité lorsque le fond prend le pas sur elle. C’est ce que j’ai fait en lisant “Si c’est amer, tu dois l’aimer”. J’ai ainsi pu apprécier de belles descriptions poétiques, savourer un coït métaphorique, me documenter par l’intercession d’analyses et de mécanismes psychologiques fouillés…
Pour conclure, je laisse la parole à l’auteur
Conclure étant risquer de spoiler, je préfère laisser le dernier mot à Alban Paulh :
« Au delà de la superficialité, il semble possible d’amener son lecteur à entrer dans une autre qualité de sensibilité et d'ouverture. Percevoir la légitimité de chacun à exister dans son authenticité et sa différence peut devenir alors un enrichissement qui n’a rien d’intellectuel. Le jeu des conventions sociales, des tabous moraux et des crispations réactionnaires peut subitement devenir hors de propos. La motivation personnelle à ce partage d’écriture s’exprime dans le dernier chapitre. À l'arrivée, la seule récompense de ce voyage en sincérité serait, pour son auteur, d'avoir semé dans le cœur, ne serait-ce que d'un lecteur, une graine de résilience. »
Zoé Florent
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